jeudi 29 novembre 2012

Sommaire de la recherche

Sommaire
C’est dans le cadre du cours Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines que la présente recherche a prit forme. «Dis moi d’où tu viens, je te dirai qui tu es» -adage populaire est une recherche innovatrice puisqu’elle tend à établir un lien direct entre le milieu familial et l’opinion politique des collégiens sur la souveraineté. Ces individus sont les adultes d’un demain très proche et la gouvernance d’un parti politique souverainiste actuellement, en 2012, remet de l’avant la question nationale au Québec. Des études ont démontré que le milieu familial avait une forte influence sur l’opinion d’un individu au cours de sa vie (OSTERRIETH, 2007) et même qu’il transmettait certaines valeurs politiques (PHILIPS SHIVELY, 2008). Mais le lien est-il assez fort pour forger un individu souverainiste ou non? C’est au moyen d’une méthode d’investigation directe appliquée dans des établissements collégiaux; St-Lawrence, Limoilou et François-Xavier-Garneau; que la recherche s’est concrétisée. Le milieu familial a-t-il une influence sur l’opinion des collégiens de Québec à propos de la souveraineté au Québec? L’hypothèse de base des chercheurs suggère que le milieu familial influence fortement l’opinion des collégiens de Québec à propos de la souveraineté du Québec. Les résultats obtenus sont pour le moins intéressants et dévoilent une facette inattendue de l’influence du milieu familial compte tenu des précédentes études.

Résumé de la recherche

Problème général et intérêt scientifique
La question de la souveraineté est soulevée depuis plusieurs décennies chez les Québécois, francophones comme anglophones. Les élections du 4 septembre dernier prouvent que la question de l’indépendance du Québec reste un sujet d’actualité. En plus d’en avoir parlé amplement lors de la campagne électorale, le Québec s’est réveillé le 5 septembre au matin avec un gouvernement souverainiste à la tête de sa nation.
État de la question
Tout d’abord, rappelons que la province de Québec a déjà vécu deux référendums sur la question souverainiste, un en 1980 et un autre en 1995, donnant lieu à des résultats très serrés. Un sondage réalisé par la firme CROP-MARKETING affirme que 28% des gens voteraient oui alors que 62% des gens voteraient non à la question souverainiste.
De nos jours, les Québécois restent pourtant divisés sur la question de l’indépendance du Québec. Au niveau de la langue, les deux groupes dominants ont tous les deux une vision minoritaire de leur langue; les anglophones se voient minoritaires au Québec alors que les francophones se voient minoritaire sur le continent en entier. Chacun se voit donc comme la victime de l’autre et cela amène à des débats perpétuels[1], malgré les deux dernières réponses négatives des deux référendums que le Québec a vécus.
Depuis ces deux référendums, une nouvelle génération est maintenant en âge de participer à la vie politique québécoise. La critique est parfois déjà établie au sujet de cette génération que l’on dit peu politisée. Pourtant, on constate que la politisation des jeunes change et qu’ils sont plus portés à accomplir des gestes politiques en groupe[2].
Mais aussi, au fil des générations, l’intérêt des jeunes concernant la souveraineté du Québec se serait atténué. L’on remarque aussi que les jeunes seraient moins sensibles  à la question nationale comparativement à il y a plusieurs décennies et que leur opinion semble s’être stabilisée depuis 1995.[3][4]
Il est également possible de supposer que le milieu familial plus spécifiquement y serait pour quelque chose. Effectivement, le milieu familial est le « …lieu d’insertion de l’enfant dans la société et la culture; [le milieu familial] constitue le moyen par lequel l’enfant est introduit dans la vie humaine et le cadre dans lequel s’élabore sa personnalité propre».[5] En effet «les parents transmettent un certain nombre de valeurs politiques »[6] et « les spécialistes pensent que l’enfant construit ses valeurs politiques en observant la manière dont s’exerce l’autorité dans sa famille»[7]. Il est donc intéressant de se questionner sur la nature et la force de ce lien entre le milieu familial et l’opinion des jeunes face au souverainisme, dans le contexte québécois.


Question de recherche
Malgré la période d’adolescence, il semble que les jeunes gardent en eux les valeurs familiales. Mais qu’en est-il réellement? Le milieu familial a-t-il une influence sur l’opinion des collégiens de Québec à propos de la souveraineté au Québec?
Hypothèse
À la lumière de toutes les informations recueillies, il semble évident que le milieu familial influence les jeunes; il y aurait donc une corrélation entre le milieu familial et l’opinion politique des jeunes.
L’hypothèse formulée par l’équipe est la suivante : Le milieu familial influence fortement l’opinion politique des cégépiens de Québec à propos de la souveraineté du Québec.
La variable du milieu familial est la variable indépendante et l’opinion politique des cégépiens de Québec sur la souveraineté du Québec, la variable dépendante. L’opinion politique des cégépiens devraient donc différer selon le milieu familial.
Population et échantillion
La population retenue dans cette recherche sera composée entièrement d’étudiants au niveau collégial de la ville de Québec.  Ces étudiants seront âgés de 16 à 24 ans. Il peut toutefois y avoir des exceptions puisque certains étudiants au collégial peuvent être plus vieux également. Un collège et deux  CEGEPS seront pris en compte lors de cette recherche : le CEGEPS François-Xavier Garneau, le CEGEP de Limoilou et le Collège anglophone Saint-Lawrence. Ces établissements scolaires de niveau collégial seront les lieux dont vont provenir les individus de notre échantillon.
La population, les collégiens de Québec, sera retenue puisque dans le cadre de la recherche, cette population est directement ciblée et représente très bien le thème de l’étude. De fait, les changements (séparation du milieu familial, entrée au cégep, cours plus approfondis, atteinte de la majorité) en cours dans leur vie leur procure un nouveau statut, celui d’adulte. De plus, cette population est entre autres la plus facile à accéder en ce qui concerne l’accès aux individus.
Pour cette étude, la taille de l’échantillon sera fortement influencée par le temps alloué à la collecte de données. En ce qui concerne cette recherche, les chercheurs vont questionner un maximum de 150 répondants. Ce nombre sera divisé équitablement dans les différents établissements scolaires qui seront l’objet lors de cette étude. Un échantillon assez grand permettra aux chercheurs de mesurer tous les indicateurs choisis et d’établir des liens selon les éléments mesurés. Cet échantillon est tiré de la population cégépienne de la ville de Québec soit, environ 24440 étudiants.
Méthode et technique

Les chercheurs  se sont servis d’une méthode d’investigation directe, qui les ont amenés à être en contact direct avec les individus de cette recherche. Cette méthode a comme but premier d’expliquer des phénomènes précis.
Ensuite, pour permettre de recueillir les informations nécessaires à la recherche, ils ont créés un questionnaire. Cet outil a son utilité, car il permet d’être administré à un grand nombre de personnes et la population était délimitée par l’ensemble des étudiants au niveau collégial de la ville de Québec. Il  a  permis, de plus,  de poser un bon nombre de questions, pour couvrir les concepts le plus possible  et de recueillir les informations rapidement. Le coût minime de cette technique est un avantage, et donc une autre raison de ce choix.
Ce questionnaire à  donc été autoadministré aux répondants. Celui-ci était composé de questions fermées, qui sont des choix de réponses. La raison de ce choix est que les questions fermées permettent une quantification et une comparaison entre les réponses obtenues. De plus, il était plus  facile de faire des liens entre le milieu familial et l’opinion sur la souveraineté des répondants.

 Analyse des résultats et interprétation

Finalement, l’hypothèse répondant à la question de recherche; Le milieu familial a-t-il une influence sur l’opinion des collégiens Québécois à propos de la souveraineté au Québec? ; est confirmée; le milieu familial influence fortement l’opinion politique sur la souveraineté des collégiens à Québec, en 2012.
Effectivement, les collégiens sont réellement portés à aller dans le même sens que l’opinion de leur parent lorsqu’il est question de souveraineté (voir figures 1 et 2).
Figure1

Figure 2
90% des collégiens ayant des parents ayant une opinion contre la souveraineté sont eux aussi contre la souveraineté. Pour ce qui est des collégiens ayant des parents qui ont une opinion favorable face à la souveraineté, ils suivront aussi en majorité l’opinion de leurs parents, mais à moins grande échelle; soit environ 60% des collégiens ayant une opinion pour la souveraineté suivront l’idée de leur père et environ le 70% pour ce qui est de la mère.
Aussi, selon la langue maternelle, la proportion de collégiens contre la souveraineté du Québec varie de manière significative (voir figure 3).
Figure 3
On peut noter, à partir de ce graphique, qu’il existe une influence raisonnable de la part de la langue maternelle sur l’opinion sur la souveraineté des collégiens.
Chez les anglophones, on obtient la plus grande majorité de contre la souveraineté du Québec, soit 88,9%, et la plus petite minorité de pour la souveraineté du Québec, soit nul. Chez ceux qui ont pour langue maternelle le français uniquement, 75% est défavorable à la souveraineté contre 25%  qui est favorable.
Ensuite, pour plusieurs, peu importe leur origine ethnique, la culture Québécoise est importante. (Voir figure 4)
Figure 4
L’influence de l’origine ethnique vient jouer plus ou moins sur l’attachement à la culture des collégiens.
 C’est dans les catégories Canadienne-anglaise et Européenne que l’on remarque le plus haut pourcentage d’individus ayant peu d’attachement pour la culture québécoise (50% chaque).
Mais pour toutes les autres catégories, l’on peut remarquer un très fort pourcentage (toujours en majorité) d’individus accordant beaucoup d’importance à la culture québécoise. Hors, fait intéressant, il n’y a que des répondants venant du Québec que des individus ont répondu n’avoir aucun attachement envers la culture.
Finalement, peu importe la scolarité des parents, la valeur qui ressort le plus est celle d’être défavorable à la souveraineté, mais, cela, à différente échelle. (Voir figures 5 et 6)



Figure 5

Figure 6
 
Pour les parents de collégiens, on remarque que ceux ayant fait des études supérieures sont plus portés à être contre la souveraineté. Même chose pour ceux n’ayant qu’un secondaire cinq. Pour ce qui est de ceux s’étant rendu à la formation professionnelle, le pourcentage contre la souveraineté du Québec diminue considérablement, soit d’environ 16% chez les pères. Pour ce qui est de ceux n’ayant pas complété leur secondaire, ils sont ceux ayant l’opinion la plus mitigé face à la souveraineté.



Conclusion

Donc, du côté de la souveraineté, il est démontré qu’une majorité d’étudiants sont contre la souveraineté du Québec si leur mère ou leur père l’est tout autant. Cela s’applique également pour ceux dont les parents sont contre la souveraineté. Donc, le choix des parents par rapport à la souveraineté influence grandement l’opinion de leurs enfants. Aussi les répondants dont la langue maternelle est l’Anglais seront contre la souveraineté, alors que ceux dont la langue maternelle est le Français auront plus tendance à être pour, tout en étant majoritairement contre.
Les chercheurs ont découverts que certains aspects du milieu familial influencent sur l’opinion des collégiens de Québec sur la souveraineté du Québec, alors que d’autres ont moins d’impacts. L’opinion des parents et la langue maternelle influence beaucoup, alors que l’origine ethnique un peu moins, de même que la scolarité des parents. Globalement, l’hypothèse de départ, le milieu familial influence fortement l’opinion des collégiens de Québec à propos de la souveraineté du Québec, est confirmé.
Pour de futures recherches, il pourrait être pertinent de questionner et les parents et les collégiens, cela permettrait la véracité des données concernant les parents. Évidemment il serait peut-être intéressant d’étendre l’échantillon à des jeunes en formations professionnelles, ou sur le marché du travail également, etc.





[1] Christian DUFOUR, La Rupture tranquille, Montréal, Les éditions du Boréal, 1992, page 105.
[2] Gilles PRONOVOST et Chantal ROYER, «Les valeurs des jeunes», dans GAUTHIER, Madeleine, dir., Regard sur… La Jeunesse au Québec, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2003, p. 148.
[3]Madeleine GAUTHIER. «La jeunesse, au cœur des changements de la société québécoise», dans GAUTHIER, Madeleine, dir., Regard sur… La Jeunesse au Québec, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2003, p. 17.
[4] Éric BÉDARD et Pierre F. CÔTÉ, D’un référendum à l’autre, le Québec face à son destin, Les Presses de L’Université Laval, 2008, p.42.
[5] Paul OSTERRIETH, L’enfant et la famille, Paris Les éditions du scarabée, 1967, p. 192.
[6] W. PHILIPS SHIVELY, Pouvoir et décision, introduction à la science politique, Montréal, Éditions Chenelière, 2008, p. 74.
[7] Idem.